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Situation générale

Cette ville se situe à 7 km au nord de la ville contemporaine de Djarkutan, sur la rive droite du Surkhan Darya. Au cours de son histoire, elle fut le centre de la zone irriguée du moyen Surkhan Darya. La taille du site est de plus de 11 hectares. Elle a une forme vaguement circulaire. La citadelle carrée (90x90 m) se trouve dans l'angle sud ouest de la ville. Elle est séparée du reste de la ville par un profond fossé. La hauteur de la citadelle est de plus de 17 m. La citadelle et la ville étaient fortifiées par un puissant mur muni de tours. Autour de la ville il y avait un fossé profond rempli d'eau. Le micro-relief de la ville permet de voir différentes petites buttes à l'emplacement des édifices monumentaux. L'entrée à la ville se trouvait dans l'angle sud-est. Des fouilles furent entreprises à Khaytabad Tepe en 1976.

Les recherches de la MAFOUZ

Les remparts de la ville

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Les premières opérations effectuées sur les remparts de la ville se sont concentrées sur le nettoyage d une ancienne tranchée pratiquée en 1978 par K S Sabirov. Elle fut ensuite élargée et approfondie mais aucun résultat n avaient été publiés. Ces travaux avaient fait appraître d importants vestiges de l époque achéménide, mais n avaient pas clairement étali la présence d’une occupation grecque.
Grâce à l enlèvement au bull dozer des déblais et décombre anciens, le fond de la tanchée des campagnes antérieurs a été atteint et les sondages en profondeur pratiqués le long des parois ont pu être partiellement vidés. Une fois les parois dégagées, on a pu procédé à l’observation des différentes murailles. L’epaisseur de la muraille achéménide a ainsi pu être mesurée (environ 2m) et il apparaît que, contrairement à ce quon affirmait précédemment, elle ne comporte pas de couloir intérieur. De plus, on a pu constater qu un massif de briques crues brunes à mortier vert avait été édifié contre la face interne de cette muraille et que les parties hautes de l’enceinte avaient connu une réfection selon un appareil de même type. Il est probable que ces travaux remontent  l’époque gréco-bactrienne, mais, malheureusement, le matériel recueilli est trop insignifiant pour nous permettre de confirmer cette datation.

 

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La citadelle

Les travaux entrepris sur la citadelle ont été consacrés à l'exploration de la pente orientale de laquelle une tranchée avait été ouverte en 1995. L'essentiel de la fouille a concerné la partie supérieure de la citadelle dans les limites de la tranchée qui a été allongée de 5m vers l'intérieur de la citadelle. Cette opération s'est accompagnée  d'un décapage de surface du sommet immédiatement au sud de la tranchée et du nettoyage d'un chantier ancien ouvert sur le rebord de la citadelle à une vingtaine de mètres au nord de la tranchée. Par ailleurs, un sondage profond ouvert en 1995 au point le plus bas de la tranchée a été complété pour rechercher l'existence d'éventuels fossés au pied de la pente de la citadelle.

Au sommet de la citadelle, trois unités d'habitation ont été identifiées à l'intérieur des carrés C et D de la tranchée. Il s'agit dans les trois cas de pièces en
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partie creusée dans le sol et dont les murs extérieurs, probablement construits en colombage, ont en grande partie disparu.

Deux périodes sont ici représentées

- Au cours de la première période, seules existaient les pièces 1 et 3. Cette occupation s'est achevée par un abandon de la pièce 1 - peut-être à la suite de l'écroulement des murs et du fléchissement du sol qui semble avoir été établi sur une grande citerne - et par l'incendie de la pièce 3 qui a livré une épaisse couche de cendre et de décombres carbonisés recouvrant un abondant matériel céramique gisant sur le sol.
- La seconde période, représentée par la construction de la pièce 2 et l'aménagement de trois fours dans la pièce 3, s'achève également par l'incendie de la pièce 2 et, sans doute aussi, de la pièce 3.
L'intérêt de cette découverte réside dans le fait que cette occupation domestique, très bien datée par le matériel en place, peut être attribuée au XII-XIIIe siècle. Ceci nous fournit un indice chronologique important dans la mesure où le creusement de la pièce 1 a entamé partiellement la courtine du rempart, d'environ 2,5m d'épaisseur, qui ceignait le sommet de la citadelle et qui à cet endroit forme un angle obtus en faisant un retour vers l'ouest à la limite nord de la tranchée. Cela signifie qu'à cette époque le rempart était érodé au point de n'être plus visible en surface.et que, contrairement à ce qui avait été dit antérieurement, l'ultime état de la fortification n'appartient pas au XIe siècle, mais à une époque plus ancienne d'au moins deux siècles, si ce n'est plus.

La  recherche en surface entreprise au sud de la tranchée n'a pu être poussée très loin, mais elle a tout de même permis d'identifier l'existence d'un baston massif trapézoïdal, large de 5m au maximum avec une
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projection d'environ 2m, édifié à l'aide de briques crues carrées verdâtres de 42-43 cm de côté et auquel la courtine identifiée dans la tranchée semble s'être accolée. Cette dernière qui constitue le dernier état de l'enceinte, est faite de briques crues blanchâtres carrées de 35-36 cm de côté et succède à une courtine antérieure, apparemment édifiée à l'aide des mêmes briques verdâtres que celles du bastion, et qui, contrairement à celle apparue en surface, suit un tracé rectiligne est-ouest. En contrebas de cet ensemble, une tour plus ancienne, édifiée en pisé, était apparue dès 1995, elle aussi en bordure méridionale de la tranchée et associée à une courtine également en pisé ayant subi une réfection en briques crues verdâtres.
Le décapage exécuté au nord de la tranchée a fourni une image assez semblable d'une fortification de pisé ayant connu plusieurs réfections sous la forme de placages en briques crues d'argile verte. Seule la maçonnerie de briques blanchâtres y est absente.

Le sondage au pied de la tranchée a fait apparaître l'existence d'un fossé de petite dimensions, établi à 1m en avant de la pente de la citadelle, profond d'un peu plus de 1m et large d'un peu plus de 2m, dans lequel on doit plutôt voir un canal. En revanche, il apparaît que ce fossé a été creusé dans une série de strates verdâtres ou rougeâtres de terre très argileuse en pente vers l'ouest qui visiblement se sont accumulée dans un fossé de très grandes dimensions et de direction nord-sud.
Il apparaît donc que la citadelle a connu au moins trois grands états de fortification, l'un en pisé et les deux suivants en brique crue, avec, sans doute associé à l'un des deux premiers états, un large fossé. La séquence architecturale n'est pas sans rappeler celle reconnue au rempart de la ville où la fortification achéménide de pisé a connu une réfection à l'aide de briques de couleur verte à l'époque grecque et plusieurs autres réfections à des époques encore non datées.
Un fait est en tout cas bien établi: la dernière fortification ne date pas du XIe siècle, comme on le pensait jusque là. A cette époque, en effet, la muraille n'était déjà plus visible et seules des installations domestiques subsistaient au sommet de la citadelle. Le dernier état de l'enceinte ne peut donc appartenir au plus tard qu'à la fin de l'antiquité ou au tout début du Moyen-Age.

Conclusion

A la lumière de l’ensemble des recherches archéologiques, on a pu établir que la fondation du territoire de la  ville remonte au VI-Ve s. av. n.è. Au milieu du IVe av. n.è., une ville aassez grande se trouvait déjà ici défendue par un puissant mur de fortification. Il était construit en briques crues rectangulaires de grand format. La ville occupait déjà à cette période l'ensemble de son territoire. Au printemps de 327 av. n.è, la ville fut brulée par les armées d'Alexandre le Grand, un évènement dont témoignent les traces d'incendie découvertes sur le mur de fortification de la ville. Peu après, la ville fut reconstruite. Au III-IIe s. av. n.è., elle se transforma dans une des villes les plus florissantes de Bactriane du nord avec le développement des relations commerciales comme en témoignent les trouvailles de monnaies d'Antiochos, Eutidème et Démocrite. La ville fut occupée de manière particulièrement intensive à la période kouchane. A cette époque, divers bâtiments monumentaux furent établis dans la ville. Les productions, en particulier de céramique, ont encore connu des développement. Les céramiques des artisans de Khaytabad Tepe sont caractérisés par leur haute qualité et leur large assortissement. Ils avaient une grande demande à la fois des sites urbains et ruraux.
Au début du Ve s., l'activité de la ville s'éteint. Néanmoins, certaines parties de la ville continuent à être occupées au début et au milieu du Moyen Age

PL & SP

Illustrations : Vue de l’est du site. Vue générale de la tranchée pratiquée dans la fortification de la ville. Face nord de la citadelle. Plan topographique de Khaitabad. Découverte du niveau d’abandon du XIIe-XIIIe de la citadelle.
Le site de Khaytabad