L'époque achéménide

Associée à l'empire en 545-540 par Cyrus Ier, la Bactriane est gouvernée par un membre de la famille royale achéménide. Mentionnée dans les inscriptions de Darius à Behistoun sous le nom de "Bakhtrish", elle forme la 12e satrapie qui englobe également la Margiane et les Sogdiens. Dans les "Chartes de Suse", les Bactriens fournissent l'or et un tribut de 360 talents (une tonne) d'argent par an et sur les bas-reliefs de Persépolis et de Suse les Bactriens mènent des chameaux à deux bosses et portent des vases précieux.
Au cours des Guerres Médiques, les Bactriens constituent un contingent important de l'armée du Grand Roi. En 462, ceux-ci se révoltent et au IV e siècle encore, c'est un Bactrien qui conduit la "révolte des Satrapes". Sorte de Sibérie de l'empire achéménide, la Bactriane constitue une terre de colonisation où le Grand Roi
achéménide.jpg
implante des colonies de populations allogènes venant de Cyrénaïque ou d'Ionie (Branchides). Face à l'armée d'Alexandre, la Bactriane mobilise quelques 30.000 cavaliers qui constituent une noblesse puissante sur laquelle s'appuie le satrape bactrien Bessos pour usurper le titre royal.

A l'arrivée d'Alexandre, la région est déjà fortement mise en valeur avec plusieurs villes importantes comme Bactres, Aornos (Tashkurgan ou Altyn Diliar Depe) ou Drapsaca (Kunduz) et des forteresses de montagne telles que les Roches tenues par de puissants féodaux. Ces indications sont confirmées par la recherche archéologique qui a fait apparaître l'existence d'un vaste système de canaux d'irrigation et la présence de nombreuses villes de tailles diverses en Bactriane orientale et au nord de Bactres ainsi que dans une dizaine d'oasis situées au nord de l'Oxus.

L'époque achéménide apparaît donc pour la Bactriane comme une phase importante de développement essentiellement fondé sur l'extension de l'agriculture irriguée autour de petites capitales régionales à l'image de Kyzyl Tepe et Talashkan Tepe. La société y apparaît ainsi nettement plus sédentarisée qu'en Sogdiane où le nomadisme pastoral demeure dominant. L'architecture de cette période est nettement influencée par celle de l'empire achéménide mais, dans la toreutique, l'orfèvrerie et les arts décoratifs, se décèle une forte empreinte des traditions de la steppe ainsi qu'on peut le voir à travers le célèbre trésor de l'Oxus.

PL

Illustration : Céramique carénée des Ve-IVe s av J.-C.