La domination des Iraniens et des Turcs (IXe-début du XIIIe s.)

A partir de 821, le califat abbasside (qui a remplacé les Omayades en 748) est divisé en royaumes indépendants. Le Tokharestan fait alors partie du Khorassan dominé par des  dynasties iraniennes, détenant
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théoriquement le pouvoir au nom du calife abbasside. En  908, après le bref passage au pouvoir des Tahirides puis des Saffarides à Nichapour, les Samanides de Samarcande et Boukhara règnent  sur la région en laissant peu à peu une place éminente aux Muhtadjides de Tchaganian.
Durant cette période, on assiste à une période remarquable d'épanouissement culturel (en 934 naît le poête Firdousi), intégrant l'héritage centre-asiatique aux apports culturels irano-musulmans comme à Tchaganian. L'architecture, jusque là principalement réalisée en briques crues ou en pisé, connaît un remarquable développement grâce à l'emploi croissant de la brique cuite. Les édifices religieux sont pourvus de grandes arcatures, de décors intérieurs à niches et à ornementation ciselée, cependant que sur les façades l'ombre et la lumière sont captées par un savant placage de briques cuites comme à la mosquée de Noh Gumbad (les neuf colonnes) à Bactres. C'est alors qu'apparaissent et se diffusent les modèles de la madrassa et du mausolée à coupole comme celui de Baba Hatim. Des portails monumentaux sont élevés dont le décor de carreaux de terre cuite ciselés s'accompagne bientôt d'éléments émaillés bleus. De nombreux palais, des bains et des caravansérails sont édifiés. Le développement du commerce favorise la production de céramique en diffusant des modèles, en particulier les porcelaines chinoises dont l'imitation a donné naissance à la céramique glaçurée à sgraffiato  (incisée) polychrome et, plus
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tard, au décor bleu et blanc. Les centres de production céramique du Tokharestan, Termez en particulier, rivalisent avec ceux de l'Iran et du ProcheOrient.

Le début du millénaire voit l'élimination des Samanides par deux dynasties turques qui établissent leur frontière sur l'Oxus: les Ghaznévides d'Afghanistan et les Karakhanides de Transoxiane, laquelle prend alors le nom de Turkestan. Par la suite, le Tokharestan est temporairement réunifié par les Ghaznévides qui font de Termez leur tête de pont vers le nord. A partir de 1055, ces deux puissances se trouvent supplantées par les Turcs Seldjoucides qui prennent jusqu'en 1194, toujours au nom du calife abbasside, le contrôle de la Transoxiane et du Tokharestan. Peu à peu, cependant, les Seldjoukides sont en butte aux prétentions d'autres groupes turcs, les Khorezmchahs et les Ghorides, et d'un groupe protomongol bouddhiste de langue chinoise, les Karakhitaï. Le Tokharestan connaît alors une nouvelle phase d'instabilité, passant tour à tour aux mains de ces différents rivaux puis sous celle d'un groupe nestorien qui est lui-même balayé par l'ouragan mongol venu des steppes de la Haute Asie.

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Illustrations : Termez : Kir Giz, Termez, Ouzbekistan, IX-Xe s. n. ère. Minaret de Djarkourgan, 1110 n. ère, Ouzbekistan.
© MAFOUZ de Bactriane
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