ostrakon.jpg
L’ancienne Termez à travers les sources anciennes
Dans les sources de l'antiquité gréco-romaine, le nom de Termez n'apparaît nulle part. On a cru le trouver chez Stéphane de Byzance qui cite "Arma, Armata, polis Indikè", mais il s'agirait, en fait, d'Armatèlia citée par Diodore XVII, 103, 1  . De même, la Table de Peutinger mentionne : Antioche Tharmata ou Tarmata (également Tarinata, Tramata) mais il s'agit probablement là de confusions avec une Termez du Sind (improbable) ou avec Antioche de Margiane. Du coup, on a cherché à identifier la ville à d'autres noms, comme une "Alexandrie Oxiana" citée par Pline et identifiée par E. Rtveladze et Ch. Pidaev avec Termez  . P. Bernard évoque cette possibilité, mais hésite entre Termez et Aï Khanoum  .
W. Tarn, suivant S. Lévi  , avait émis l'hypothèse que le nom de Termez proviendrait de celui du souverain gréco-bactrien Démétrios, fondateur d'une Démétrias, en s'appuyant sur un colophon de la transcription tibétaine d'un manuscrit sanscrit où figure Dharmamitra, dérivant du prakrit Dharmamitra qui est le nom du roi gréco-bactrien Démétrios dans le Yuga-Purana. Le traducteur tibétain précise que ce nom est l'original de "Tarmita qui est Termez, l'actuelle Termez sur la rive du Vakhch". Mais Tarn a renoncé de lui-même à cette interprétation  .

On ne possède donc aucune attestation de l'existence d'une Alexandrie ou d'une Démétrias qui aurait été la première Termez  . Mais on se souviendra, par exemple, que l'on ne connaît toujours pas le nom de la grande cité hellénistique d'Aï Khanoum, pas plus que celui de Kampyr-Tepe, une cité proche de Termez. Les textes manquent cruellement en Asie centrale. Leur silence ne permet pas, pour l'heure, de tirer la moindre conclusion sur l'existence ou non d'une fondation grecque qui aurait porté le nom de Démétrios. Le seul recours reste la fouille.

En 630,  le voyageur chinois Hsuan-Ts'ang nomme la ville Ta-mi. Plus tard, les auteurs arabes la nomment Tirmiz et, au douzième siècle, As-Samani la nomme Tarmiz, un nom qui reste en usage jusqu'au dix-neuvième siècle parallèlement au nom Termez qui est devenu le nom officiel.
À la fin de l'époque kouchane, Termez est un grand centre du bouddhisme, ce que confirment les fouilles de Kara-Tepe, de Fayaz-Tepe et de Zourmala. Après une période de persécutions à la suite des conquêtes sassanides (fin IIIe-IVe s.) et des invasions ephtalites, cette religion connaît une phase de renouveau à la fin du quatrième ou au cinquième siècle. En 630 Hsuan-Ts'ang observe que la communauté bouddhique de Termez regroupe alors mille moines dans dix grands monastères.

Mais à l'arrivée des Arabes, celle-ci s'était définitivement éteinte. Selon At-Tabari (II, 1147) qui confirme les dires d'Ibn Khordadbekh et d'Al-Birouni, à la fin du septième siècle, une puissante forteresse s'élevait sur la rive du fleuve et la ville obéissait à un prince particulier qui portait le titre de "Termezchah", ce qui montre assez la puissance que Termez avait alors acquise. De la fin du cinquième au début du huitième siècle, en effet, Termez frappait ses propres monnaies d'argent portant une ancre et, sur le terrain, cette prospérité peut se mesurer par l'abondance des vestiges archéologiques et par le riche matériel trouvé en surface ou dans les fouilles. Selon Hsuan-Ts'ang, la cité avait une circonférence de 20 li, soit environ 7 à 10 km.

PL

Illustration : Tchingiz Tepe2, Ostrakon en Karoshti.