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Le Tchingiz Tepe

La colline de Tchingiz Tepe forme une longue éminence perpendiculaire au cours de l'Amou Daria, à environ 800m au nord de la citadelle de l'antique Termez. Cette colline a depuis longtemps attiré l'attention de ceux qui ont travaillé à Termez car on ne pouvait exclure l'hypothèse d'une localisation de la première Démétrias sur ce site plus élevé que la citadelle - donc apparemment plus propice à une implantation militaire - et où avaient été collectés des tessons  de type grec.

Sur le flanc oriental, la ligne de fortifications a été repérée par une série de nettoyages de surface sur une longueur de plus de 70 m à partir de son angle nord-est. Au nord sont apparues deux tours quadrangulaires (tours 1 et 2) d'environ 8m de côté, distantes de 9m et reliées par une courtine rectiligne de 2 m d'épaisseur ont ainsi pu être mises en évidence. Plus au sud, une troisième tour de 13x9,6m est apparue à 25m. Les deux tours extrêmes ont fait l'objet de dégagements partiels, ce qui a permis d'observer que la fortification probablement établie à l'époque des Grands Kouchans avait connu plusieurs phases de réfection, de
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reconstruction et de réoccupation jusqu'à l'époque kouchano-sassanide. Au cours de ce processus, les murs des tours ont été épaissis à l'occasion de véritables reconstructions. A toutes les périodes de l'existence des tours et des coutines on observe la présence d'archères sagittales typiques de l'époque kouchane. Deux monnaies trouvées en fouille - appartenant l'une au début de l'époque kouchane, l'autre à la fin de cette même époque - et le rapprochement très clair qu'on peut faire entre cette enceinte et celle de Kampyr Tepe confirment cette datation.

Enfin, on notera que dans la dernière période d'existence de cette fortification, la tour 3 a vu sa porte en partie bouchée et que des traces de réoccupation à des fins domestiques associées à des fragments de base de pilastre de type bouddhique y ont été identifiées.
La vaste zone qui s'étend à l'arrière de cette fortification est très dégagée et paraît dépourvue d'habitations. La fortification pourrait donc délimiter un camp fortifié établi à l'extérieur de la ville à l'époque kouchane. On ne connaît guère de parallèle à ce type de construction et il ne serait pas sans intérêt  d'y poursuivre la recherche en reconnaissant la totalité du tracé de cette enceinte et en fouillant de manière complète une ou plusieurs tours.
 
L'ensemble des travaux menés au Tchingiz Tepe a donc très rapidement apporté la réponse au problème
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posé de la première implantation grecque. En effet, deux sondages pratiqués au sommet de la colline ont très vite montré que le Tchingiz Tepe est une colline naturelle et que la ligne de fortifications d'époque kouchane a été directement établie sur le sol vierge. Cette colline n'a donc été intégrée dans le périmètre de la ville de Termez qu'à l'époque kouchane avec l'établissement d'un grand quadrilatère fortifié dont le sommet de la colline constituait la limite nord et qui s'étendait très largement vers le sud. Aucune trace d'un quelconque établissement grec n'a pu y être décelée.
La fondation de la colonie gréco-bactrienne n'est donc plus à chercher de ce côté mais bien sur la citadelle.

PL
Illustrations : Tour 3 avec les ouvertures. Vue vers le sud de la partie méridionale des fortifications. Présence d’un escalier à l’intérieur d’une tour afin d’accéder au couloir de la courtine.